Mon très-révérend Père,

Plein d’une nuovelle ardeur pour les Missions étrangères de puisque j’ai entendu la lettre de Votre Paternité à ce sujet, je ne crois pas pouvoir vous communiquer mon désir d’une manière plus convenable qe’en vous écrivant presque mot pour mot ce que je viens dire au Révérend Père Provincial. Le voici : «Au commencement du mois de Septembre 1832, je vous fis part du désir ardent que j’avois d’aller aux Missions. Ce désir que j’ai depuis onze ans ; (il m’est venu en lisant les Lettres èdifiantes) ce désir qui m’a porté à faire pour Dieu beaucoup de sacrifices, pendant que j’etois dans le monde, j’ai toujours voulu le faire défendre de la Sainte Obéissance : aussi, je vous avois dir que je m’en reposois sur vous ; et si je me détermine aujourd’hui à vous en reparler, c’est la lettre circulaire du Très Révérend Père Général qui m’engage à le faire. J’ai cru qu’il convenoit de ne pas laisser passer une telle occasion, et même que mon silence indiqueroit un ralentissement d’ardeur.» Voilà, mon très-révérend Père ce que j’ai dit au Révérend Père Provincial, et ce que je me permets d’esposer à Votre Paternité, sans jamais revenir là desus:

la Sainte indifference est trop précièuse.

J’ai l’honneur d’être

de Votre Paternité

le très-humble et très-obéissant serviteur et fils

Louis Bosson

Societatis Iesu

Chambéry le 16 Juin 1834.